Préférences
langue : English
version : flash
Ressource
Service
Lien

Réalisation des passions

III. Réalisation des passions

Pour beaucoup de philosophes le péché est donc loin d’être un acte aussi malveillant qu’il est décrit dans la religion. Il est même dans certain cas utile à la connaisse de soi, à l’épanouissement de la vie et peut même nous faire parvenir au bonheur. Cependant la réalisation à nos passions ne peut pas être totale si bien que si elle devient l’unique but dans la vie, nous pouvons en être esclave

1) Esclave de ses passions

Chez Spinoza les passions, résultent de l'action des modes extérieurs sur nous : la passion n'est pas l'action du corps sur l'âme comme chez Descartes, mais l'action d'un mode extérieur sur notre corps et parallèlement d'un mode extérieur sur notre âme.
Le pouvoir d'être affecté à donc une double signification. Il est à la fois puissance d'agir lorsque les affections sont actives et puissance de pâtir lorsque l'individu est soumis à la passion. Ceci correspond d'ailleurs à la définition de la liberté et de la contrainte chez Spinoza : " J'appelle libre une chose qui est et agit selon la seule nécessité de sa nature, contrainte celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée." L'homme passionné n'est donc pas libre.
Mais les passions sont elles-mêmes de deux sortes

Lorsque nous rencontrons un corps qui ne convient pas avec le nôtre, tout se passe comme si la puissance de ce corps s'opposait au nôtre. Notre puissance d'agir en est empêchée. Nous éprouvons alors de la tristesse.
Lorsque nous rencontrons un corps extérieur qui convient à notre nature, qui nous est utile, et qui se compose avec le nôtre, sa puissance s'additionne à la nôtre. Nous éprouvons de la joie et notre puissance d'agir est augmentée ou aidée. La joie peut donc être une passion lorsqu'elle a une cause extérieure et nous ne maîtrisons pas alors cette puissance d'agir venue de l'extérieur. Cependant nous nous rapprochons du point qui nous en rendra maître et fera naître les joies actives, celles qui viennent de notre seule essence, ce qui réside dans la connaissance.


Les passions tristes représentent donc le plus bas degré de notre puissance, le moment où nous sommes au maximum séparé de notre puissance d'agir, aliénés, livrés à la superstition, aux tyrans. La philosophie de Spinoza est une philosophie de la joie. Seule la joie vaut et la passion triste est toujours impuissance. C'est aussi en ce sens que l'homme libre ne pense pas à la mort (penser la finitude c'est déjà diminuer notre puissance et être triste) . Il ne craint pas la mort (la crainte est passion triste) mais pense positivement, directement la vie.
Il y a d'abord celui qui les éprouve, qui les subit et il est esclave. Mais il y a aussi celui qui les exploite, qui les utilise pour mieux asseoir son pouvoir. C'est le tyran. La vie est empoisonnée par les notions de Bien et de Mal, de faute et de mérite, de péché et de rachat. La haine nous empoisonne et la culpabilité qui est une haine retournée contre soi.
Crainte, désespoir, pitié, moquerie, envie, repentir, honte, regret, colère, vengeance etc. sont des passions tristes. L'espoir lui-même est une tristesse, un sentiment d'esclave que le tyran exploite. Dans un État libre on offre aux citoyens l'amour de la liberté et non l'espoir de récompenses pour bonne conduite ou la sécurité. Ceci explique la critique de la théocratie dont tout le système repose justement sur l'espoir du salut et la crainte de la damnation. Enfin, il y a celui qui s'attriste des passions de l'homme. C'est le prêtre, complice de cette tentative d'asservissement général de l'homme.
Ainsi une personne dominée par ses sentiments peut en arriver à des actes préjudiciables. C’est pour cette raison que la justice a été inventée : pour ne pas que la liberté soit érigée en dictature.

2) La justice

La question des rapports entre l’homme et ses crimes se pose depuis l’Ancien Régime. Dans ce que Jean Delumeau définit comme une " civilisation du blasphème ", l’infracteur n’est pas tant un individu anormal qu’un être faible, qui n’a pas su ou voulu résister aux tentations auxquelles l’inclinaient ses passions. La consultation d’un dictionnaire de la fin du XVIIe siècle montre que le champ sémantique du crime se confond avec celui du péché. Ainsi, dans le Richelet, le criminel est l’individu " qui a fait un crime, celui qui a commis une faute ", le " crime " signifie une " faute qui mérite punition ", une " faute énorme ", des " péchés ". La "faute" est "une espèce de crime ", un "péché " et la définition du péché renvoie inévitablement à la "faute contre Dieu "... La philosophie pénale de l’Ancien Droit correspond à l’enseignement de la théologie morale dispensé aux juristes. Formés sur le triple héritage du droit romain, du droit Canonique et de la théologie enseignée à l’Université, les magistrats de l’Ancien régime ne sont guère intéressés par la question du passage à l’acte. L’analyse théorique de l’acte volontaire et de ses causes lointaines ne relèvent pas de la compétence des criminalistes qui entérinent sans les discuter la notion de libre-arbitre des infracteurs, la légitimité du châtiment et le droit de punir que les princes tiennent de Dieu. Dans cet univers mental, le criminel qui passe à l’acte réitère le geste profanateur d’Adam.


Suite : conclusion

contact - faire un lien